Rencontrez Jean-Marc Perdrieau qui, avec son parcours atypique allant du droit à la direction d'une équipe chez SPIE, démontre l'importance de la curiosité et de la connaissance produit. Découvrez à travers cet entretien sa vision unique sur les défis et les enrichissements de sa profession !
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Pouvez-vous nous décrire brièvement le rôle quotidien d'un responsable achats ?
Bien sûr. En bref, le responsable achats joue un rôle clé dans la gestion et la supervision des achats d'une organisation. Au départ, le responsable achats gérait l'ensemble des achats pour une direction régionale, y compris des domaines tels que l'immobilier, les véhicules et les assurances. Avec le temps, ce rôle s'est spécialisé. Aujourd'hui, le responsable achats supervise une équipe d'acheteurs, qui sont dédiés uniquement à l'achat, tandis que d'autres aspects, comme la production, sont gérés par d'autres départements spécialisés.
Leur mission principale est de s'assurer que l'organisation obtient les produits ou services aux meilleures conditions tout en intégrant la dimension RSE, la notion rapport qualité-prix n’est plus une référence. Ils travaillent en étroite collaboration avec d'autres départements, en particulier pendant la phase d'appel d'offres, pour identifier et sélectionner les fournisseurs et prestataires les plus appropriés. Une fois un contrat attribué, ils continuent à travailler sur l'optimisation technique et financière du projet. Ils sont la passerelle entre l'organisation et ses fournisseurs, garantissant que les besoins de l'entreprise seront satisfaits de manière efficace et rentable.
Quelles qualités doit-on posséder pour être un bon responsable d'achats ?
Pour devenir un bon responsable d'achats, plusieurs qualités sont essentielles. Tout d'abord, il est primordial de connaître le travail des acheteurs. Pour ma part, j'ai eu l'occasion de commencer par un poste principalement managérial où je ne m'occupais pas directement des achats. Cependant, les évolutions au sein de SPIE m'ont conduit à un rôle d'achats opérationnels. Cela m'a permis de mieux comprendre les défis auxquels sont confrontés quotidiennement les acheteurs sur le terrain.
Lorsque je suis devenu responsable achats opérationnel, certains collègues étaient sceptiques quant à ma capacité à assumer ce rôle. Ils se demandaient si j'avais réellement les compétences requises pour le poste. Cela souligne l'importance de la connaissance des produits ou des familles d'achats. De plus, il est essentiel d'avoir une bonne capacité d'écoute pour comprendre et répondre aux besoins opérationnels.
Une autre qualité fondamentale pour un responsable achats est la curiosité. Un acheteur doit toujours chercher à en savoir plus, ne pas se limiter à ce qu'on lui présente. Par exemple, bien que je ne m'occupais plus des matières premières chez SPIE, je devais comprendre les enjeux liés aux câbles que j'achetais pour le groupe. Cela implique une compréhension des marchés des matières premières, des fluctuations monétaires, et d'autres facteurs. Il est donc crucial de ne pas se limiter au produit acheté, mais de s'intéresser à tout son environnement.
La gestion est aussi un aspect crucial du rôle. Dans mon entreprise, le responsable d'achats apporte une réelle valeur ajoutée par sa connaissance des produits qu'il achète. Il ne suffit pas d'acheter ; il faut comprendre en profondeur ce que l'on achète. Une bonne culture de l'achats permet d'être polyvalent, mais il est aussi nécessaire d'avoir une certaine expertise technique pour comprendre les produits.
Pour conclure, même si mon parcours est atypique (j'étais juriste de formation et j'ai débuté en tant qu'administrateur judiciaire stagiaire), les opportunités m'ont conduit aux achats. L'élément clé que je retiens de mon expérience est l'importance de s'intéresser véritablement aux produits et d'établir de bonnes relations avec les opérationnels avec qui on collabore.
Pourriez-vous nous décrire le cheminement de carrière qui vous a mené à votre position actuelle ?
Suite à mon diplôme D.E.A. en Droit des contrats et de l'économie, j'ai débuté ma carrière comme Syndic administrateur judiciaire pendant 18 mois. Par la suite, une PME m'a confié la mise en place de toute leur gestion de stocks en 1985. Mon rôle a évolué rapidement, me permettant de gérer les approvisionnements puis de devenir acheteur. Pour perfectionner mes compétences, j'ai suivi une formation à l'ESAP en 1988. J'ai ensuite plongé dans l'univers international de l'électroménager en tant qu'acheteur. Finalement, j'ai rejoint SPIE, où ma fonction n’a jamais cessé d’évoluer depuis Responsable achats régional jusqu'à diriger une équipe d'acheteurs tout en restant proche du terrain.
Quels aspects de votre profession trouvez-vous particulièrement enrichissants ou stimulants ?
Depuis 2007, j'occupe des fonctions opérationnelles variées, centrées principalement sur les achats. Même avec une grande direction d'activités s'étendant de Chartres à Nîmes et à Bayonne, je suis resté proche du terrain, ce qui m'a permis de garder un contact étroit avec les réalités opérationnelles. J'ai vécu des moments fascinants, comme la volatilité du marché du cuivre en 2021-2022 et le retour de l’inflation. Chaque jour, je surveille activement les cours mondiaux des matières premières : cuivre, aluminium, acier, mais aussi l'euro et les coûts du transport maritime, ce qui ajoute une profondeur et une richesse à mon poste. Cette immersion m'a toujours passionné. Je suis surpris d'entendre des collègues vouloir changer de poste car ils pensent avoir tout vu. Selon moi, une approche superficielle limite leur vision. Travailler en profondeur et construire une relation de confiance avec les équipes est la clé pour découvrir les richesses de notre métier. J'ai d'ailleurs récemment changé de direction et dû m'adapter à une nouvelle équipe. Mais après quelques mois, la synergie entre nous s'est installée, renforçant mon intérêt pour ce que je fais.
Pour conclure, auriez-vous une recommandation à adresser aux jeunes aspirants souhaitant embrasser une carrière dans le domaine des achats ?
Ne vous contentez pas de suivre simplement les directives. Pour apporter une réelle valeur ajoutée, il est essentiel d'être curieux, proactif et d'aller au-delà de ce qui est demandé. Écoutez activement et cherchez toujours à en savoir plus pour enrichir votre perspective.